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Ma Bonne Dame

3 janvier 2012

Comptine en forêt

 

Quelque part dans une forêt,

Un petit prince se promenait,

Il partait à la recherche de sa fiancée

Il voulait la trouver et la marier.

 

Il la trouva près d'un ruisseau

Elle était belle comme un cadeau

Alors il lui demanda un genou à terre

Elle lui dit oui, il en fut fier

 

Les jours, les mois passant,

Après un château, un chat, un enfant

Le prince était aussi heureux

Que peuvent l'être des amoureux

 

Mais une nuit d'hiver

Sa mariée lui prit toutes ces affaires

Elle partit dans la forêt dans un courant d'air

Abandonna son royaume sans regarder en arrière

 

Quand enfin le petit Prince la retrouva

Il lui demanda "Mon bonheur ne te suffit pas ?"

Elle répondit "Un jour mon Prince est venu

Je l'ai tué, je ne l'aime plus"

 

Le petit Prince sur ces mots

Se décomposa comme du terreau

Il ne fut bientôt que poussière

Tandis qu'elle retournait s'asseoir à la rivière

 

Aujourd'hui si vous vous promenez dans les bois

Regardez bien si par endroits

Vous ne voyez pas au bord des cours d'eau

Des petits talus qui font les beaux

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14 décembre 2011

Docteur Maboul

Quelque part sur une voie ferrée en France, un lundi matin. Le chef d'une équipe de quatre cheminots prend la parole :

- Bon les gars on va pas avoir toute la journée.  Il faut qu'avant 18h on ait fini le boulot.

Putain on s' les gèle ici.  J'vais vous dire ça me fait bien chier de retourner les cailloux pour cet enfoiré. Alors on s'active.

Le premier qui trouve quelque chose gagne son poids en bière pour l'année !

Quelques rires fusent dans l'équipe.

Chacun se met au travail. Ils cherchent activement autour des rails .

L'un d'eux se redresse :

 - Dites c'est quoi qu'on cherche exactement ? Des bijoux ?

-Ouais, son alliance, sa gourmette, pourquoi ?

- Ah. Et si on trouve un doigt ça compte ?

- Ben chais pas. Y'a une alliance dessus ?

-Non.

- Bon ben dans ce cas, tu le laisses où il est là. On va pas commencer à faire le boulot des rats d'égoûts.

-Hé les gars ! Regardez c'que j'ai trouvé !

L'équipe se masse autour de lui.

Il tient du bout de sa pelle un amas de chair flasque et grisonnante.

-Qu'est ce que c'est à votre avis ?

-Bah on dirait un bout de viscères. Moi je dirais des intestins. Ouais ca ressemble bien à des intestins de chevreuil.

-Mouais. C'est pas gagné que c'est du chevreuil.

Derrière le groupe, un des gars les deux mains appuyés sur les genoux, vomit dans un fossé. Le chef lui crie de loin :

-Et bé alors Pascal ? Tu cuves ta cuite ?

Le Pascal en question se relève

-Nan c'est juste que ca me fout la gerbe tout ça.

Le chef d'équipe regarde les autres de l'équipe:

- (voix de fausset) Rhôôô ça lui fout la gerbe ! (reprenant avec sa voix normale) Mais enfin mon bon Pascal tu crois quand même pas qu'on allait cueillir des marguerites ce matin ? Qu'est ce qui s' passe ? Tu fais ton nervous brèkdane ?

Pascal crache par terre. Ne répond pas. Il regarde son chef d'équipe et les autres.

-On pourrait ptête ramener les restes à sa famille, non ?

Le chef d'équipe le regarde d'un oeil mauvais.

-Ah ouais ? Et comment qu'on va s'y prendre ? Parce que des bouts de lui,il doit y en avoir sur plus de 20 kilomètres. Tu sais à quelle vitesse allait le train quand il l'a fauché ? Tu veux que j'te fasse un dessin ?

-Oui mais...

-Oui mais rien du tout ! On a un milliard de trucs à faire avant la fin de la semaine. Si ce connard voulait pas finir en rillette sur la voie ferrée il avait qu'à regarder avant de traverser .

(Rires)

-Oui mais... insiste Pascal.

-OUI MAIS QUOI ! Tu commences à me courir !!! Si t'es pas d'accord tu vas y aller toi tout seul faire le chirurgien ! Non mais tu te prends pour qui ?

Silence. Pascal regarde par terre, il relève la tête .

- Ouais mais quand même.

Le chef bout. Il implose :

-Ok tu l'prends comme ça ! Et ben tiens tu prends ce putain de sac poubelle et tu démerdes tout seul. Ah tu veux faire ton bon samaritain. et ben vas y mon gars fais-le mais fais le bien. Y'a pas intérêt à c'qu'il en reste un morceau.

Pascal reste immobile, il regarde un à un les gars de l'équipe. Tout le monde le regarde, ils attendent sa réaction. Leur chef régit en premier.

-ALLEZ ON SE BOUGE ! ON CHERCHE LA BAGUE ET LA GOURMETTE ! BORDEL VOUS ALLEZ VOUS REVEILLES OUI ?!!!

Chacun se remet à fouiller entre les voies ferrées. Le chef va vers Pascal :

-Allez toi aussi Dr House. Au boulot. Et si t'es pas content j'te colle d'astreinte de nuit toute la semaine.

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/force-a-enterrer-les-restes-d-un-collegue-un-agent-sncf-indemnise_1061136.html#xtor=AL-447

12 décembre 2011

Quatrième dimension

Madame la Présidente du Sénat,

Madame La Ministre,

Madame la Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française,

Messieurs et mesdames les Parlementaires,

Messieurs et mesdames les Elus,

Messieurs,

Mesdames,

Mes chères amies,


Je tiens tout d’abord à remercier Madame la Présidente de la République pour son soutien indéfectible pour la cause que mon association et moi même portons à bout de bras depuis tellement d’année. En effet il n’a pas été facile de faire entendre notre voix .

Et la seule raison pour laquelle nous n’avions pas notre mot à dire était que depuis les débuts de l’Histoire de l’Humanité, la Femme avait été à l’origine de toutes les avancées technologiques, philosophiques et sociétales .Que L’Homme avait certes joué un rôle à quelques moments clés de notre histoire, mais qu’il restait dans la multitude des évènements au mieux un compagnon loyal et fidèle, au pire un esclave qui n’avait pas plus son mot à dire qu’un chien attaché à une laisse.



Oui mes amies, la libération de l’Homme ne s’est pas faite en un jour et il reste encore tant à parcourir pour pouvoir enfin un jour faire en sorte que le masculin ne soit plus synonyme de frivolité, douceur et famille. Je parle et je continuerai à parler au nom de tous ces hommes bafoués dans leurs droits, tout ceux qui ne peuvent pas s'exprimer parce qu’ils pensent, à tort, n’avoir pas leur mot à dire dans la société de demain.



A toutes les sceptiques qui encore aujourd’hui sourient en m’entendant dire que oui l’Homme a un autre rôle à jouer dans notre société, que celui de garder les enfants à la maison sous couvert d’instinct paternel, je voudrais dire qu’elles ont tort de ne voir en notre lutte qu’un défouloir pour nos hormones. Il y a encore tellement de préjugés dans l’esprit collectif que la tâche paraît parfois insurmontable à moi et mes confrères de l’association.

 

Je vais vous raconter une anecdote édifiante.

Hier dans les couloirs de l’assemblée où je suis élu en tant que député depuis 10 ans maintenant (avec quelques 20% de mes collègues masculins), je me fais arrêter par une camarade, députée elle aussi, dont je tairais le nom.

Elle m’aborde et me dit

 

“Rha tu nous as vraiment bien fait marrer hier avec ta proposition de loi !” 

 

Surpris je lui demande en quel honneur le projet de parité Homme/ Femme dans la vie publique pouvait être interprété comme une blague.

 

Elle me répond “ Mais enfin ce n’est pas sérieux ! Sans te vexer, où on serions-nous si les hommes commençaient à se mêler des affaires d’Etat ? Bon la jeunesse, la Famille passe encore ce sont des sujets que vous les hommes, vous êtes peut être plus en mesure d’apprécier que nous. Mais enfin, l’économie ? C’est n’importe quoi ! Si vous avez des propositions pour relancer l’économie, on veut bien vous écouter, mais crois-moi vous serez plus utile à la France en achetant vos chaussures et vos fringues, qu’en réflèchissant à des textes de lois farfelus.”



Voilà. Voilà ce qu’on peut entendre de la bouche d’une grande personnalité politique quand il s’agit de remettre sur un pied d’égalité les Hommes et les Femmes. Dois-je ajouter que me sachant divorcer et donc disponible, elle m’a proposé de venir dîner avec elle dans la foulée de son intervention de haute tenue philosophique ?

Car cela aussi mes amies, est  aussi représentatif d’un autre aspect de notre combat d’Homme. Nous reconnaître enfin comme des êtres doués de raison et pas forcément en objet sexuel.

 

Je vois des regards entre vous mesdames qui en disent long sur le sujet. Vous trouvez qu’il y a matière à rire !

Pensez-vous que les jeunes hommes attachés parlementaires aient vraiment la gaudriole à l’esprit quand ils refusent de travailler avec certaines femmes politiques la porte fermée ? Savez-vous seulement combien d’hommes ont porté plainte pour harcèlement sexuel dans les murs de cette assemblée ? Je ne crois vraiment pas qu’il y ait des raisons de tourner en dérision la souffrance de ces jeunes hommes qui n’aspirent qu’à servir la France.

Alors oui je suis heureux de cette légion d’honneur, et j’ose espérer qu’elle reportera un peu de sa superbe sur notre combat pour une parité totale entre les Hommes et les femmes.

Merci à tous de votre attention.

Applaudissements nourris.


Quelque part dans la salle une sénatrice souffle à son voisin, un jeune homme en costard d’une vingtaine d’années:

“Dites moi mon petit, je ne vous ai jamais vu ici. Vous travaillez pour qui ?”

 

Plus loin, un homme répond au téléphone :

“Oui chérie c’est fini. Comment ? Tu peux pas aller chercher les enfants à l’école ? Mais tu m’avais dit que... Oui, trop de boulot, oui bien sûr comme toujours.(Soupir) Mais oui je vais y aller seulement... Allo ? Allo?”

7 décembre 2011

Aparté

-Excusez-moi, je peux vous prendre la chaise ?

- Euh oui oui.

(Il s’assoit en face d’elle.)

-Putain, je sais vraiment pas ce que je fous là. C’est à chier cette ambiance, vous trouvez pas ?

- Euh je sais pas trop. Vous avez envie de parler ?

- Bof.

(Silence)

Il reprend

- Ca fait longtemps que vous travaillez ici ?

-Ben...

- Nan j’dis ça parce que vous réagissez pas comme les autres. Vous avez l'air ailleurs. (Silence, il regarde autour de lui)

C'est la troisième fois ce mois-ci. En fait c’est ma copine qui me traîne à chaque fois. J’ose pas lui dire que je préfèrerais rester à la maison.

- Ah. (Silence) C’est dur les concessions quand on est en couple.

-Hein ? Ah ouais ouais, les concessions. Ouais ça me gonfle toutes ces histoires de couple, la vie à deux tout ça. Je l’aime hein ma copine. Mais quand même des fois j’aimerais bien qu’on fasse des trucs séparément vous voyez ce que je veux dire ?

- Moui... Je crois. En somme le côté fusionnel de votre relation vous empêche d’exprimer votre Moi profond. Vous auriez l’envie de sortir vos émotions par une catharsis autre que la relation amoureuse avec une tierce personne.

-...

- Vous lui en avez parlé ?

- A Bonnie? Ho ben oui un peu. Mais dès que j’aborde le sujet elle se braque, elle me hurle dessus comme si j’allais la quitter. Elle comprend rien. M’enfin c’est pas grave hein. Je peux pas m’en passer.
Vous êtes mariée ? (Elle hoche la tête) Vous l’aimez votre mari ? Oui ?  Et ben je vais vous dire profitez de tous les moments chouettes parce qu’on sait jamais comment tout ça peut terminer.
J’vous laisse j’crois qu’il faut qu’on y aille. Z’êtes une chouette fille. Merci c’était sympa.

Il rejoint sa copine en marche arrière, la Kalachnikov pointée sur la standardiste du guichet d’accueil de la banque. Elle ouvre la porte les bras chargé de sacs de billets  son fusil d’assaut en bandoulière. Ils sortent en courant dans la rue.

Dans la banque, les gens se relèvent petit à petit, des gémissements s’élèvent de part et d’autre. La standardiste garde les yeux fixés sur la porte de sortie.

5 décembre 2011

Début de semaine

Je hais les gens. Je les hais de telle manière qu’il ne faudrait pas que je passe mon permis de chasse pour ne pas avoir à savoir comment on utilise une arme. Je ferais un carton sur tout le monde, je les alignerai comme des canards en terre cuite dans une foire. Je me hais avec l'énergie d'un champignon atomique qui ne demande qu'à exploser . J’écris pour ne pas vous rouler dessus quand je sortirais de mon appartement, pour ne pas construire des bombes artisanales chez moi et les poser dans des bâtiments publics. Je …

Eh mais attendez, on est quel jour aujourd’hui ? Ha ben oui on est lundi. Bon ben ça va me passer alors ! 

(Je me suis fait un peu peur quand même.) 

Et sinon hier soir est passé sur Arte "Haute Fidélité", si vous n'avez jamais vu ET lu ce film et roman, vous avez de quoi vous occuper pour la soirée. Et si vous avez trente ans c'est encore mieux.(ou pas)


High Fidelity (UK Trailer)



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1 décembre 2011

Rencontre au sommet

 

“Mes amis, l’heure est grave.

 Silence contrit, toussotements.

D’après des études scientifiques récentes, il est aujourd’hui prouvé que la population féminine aura bénéficié d’une telle croissance que sa proportion au sein de la race humaine avoisinera  80% de la population mondiale de cette planète d’ici 2050.

Regardons ensemble si vous le voulez bien, les résultats de courbes démographiques qu’’ont effectuer grâce à vos dons toujours plus nombreux, l’équipe du laboratoire du Professeur Kowalski.

 Diapo n°1

Murmures horrifiés dans l’assistance.

 Oui mes amis. Les résultats sont édifiants. C’est pourquoi nous nous devons d’anticiper cette catastrophe humanitaire sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

J’attends de votre part un soutien sans failles face à cette crise d’envergure mondiale, nos états doivent être solidaires dans l’effort et continuer la stratégie menée depuis des siècles pour garder une base solide du patriarcat.

Jusque là notre politique d’évitement nous avait été bénéfique. Dans les pays européens tests, les lois sur la parité, les accès au droit de vote et autres mesures ont pu faire office de garde fous.

Mais au vu de ces résultats plus qu’inquiétants, nous ne pouvons plus nous contenter de rester dans une illusion de contrôle. Il nous faut des mesures fermes afin d’endiguer ce phénomène .

La difficulté tient à ce que les femmes dites “éveillées” ne soient pas alarmées de nos résultats.

 Quelques rires fusent dans la salle.

 Non, non mes amis, ne riez pas ! Je sais que bon nombre d’entre vous pensent que le féminisme et ses quelques activistes tournés en dérision par nos soins, n’ont plus de portée auprès de la plupart des individus femelles de cette planète. Moi même je le pensais encore il y a quelques jours.

Mais à la vue de ces résultats, nous ne pouvons nous permettre de prendre les risques à la légère !

Qu’adviendrait-il de nous si l’ennemi femelle en arrivait à se constituer une armée. Malgré nos efforts il en existe certaines qui oeuvrent en haut lieu à notre perte. Nous ne pouvons pas toutes les éliminer, notre survie en dépend. Pour l’instant.

En effet, le laboratoire du Pr Kowalski travaille à une reproduction par parthénogenèse. Mais le chemin à parcourir reste long et semé s’embûches. Nous ne pouvons dire quand il sera enfin possible à l’Homme de procréer sans acte sexuel en lien avec un élèment féminin.

 Protestations véhèmentes dans la salle.

 Comment ? Ha mais non attendez, je me suis mal exprimer ! Calmez vous Messieurs ! Calmez vous enfin !

 

Il se penche vers le chef de la Sécurité en bas de l’Estrade et lui dit à l’oreille :

Marcel, faites donc évacuer discrètement M. Berlusconi de l’assemblée. On ne s’entend plus.

 Le brouhaha cesse petit à petit. Au loin dans un couloir, Berlusconi lance des insultes.

 

 Bien, nous pouvons reprendre. Donc, je tenais à vous préciser que bien entendu l’acte sexuel avec des élèments féminins sera toujours possible ! Il en va de la santé physique et mental de nos compagnons hétérosexuels !

Le Professeur Kowalski travaille dans le sens d’une possible altération des sens par le biais de capteurs sensoriels et ainsi recréer une situation virtuelle d’actes sexuels . Mais ces résultats sont loin d’être concluants, DONC (laissez-moi finir messieurs) il n’est pas prévu non plus une élimination complète de la race féminine.

En revanche, je vous le redis nous sommes à l’aube d’une apocalypse sans précédent. Nous nous devons d’intervenir dès aujourd’hui pour permettre à nos fils de grandir dans un monde où l’Homme restera le garant d’une humanité pure et virile.

 J’attends vos questions et surtout vos propositions.

 Ah excusez-moi, je crois qu’on m’appelle sur une ligne rouge. Je laisse le soin à mes collaborateurs de reprendre le fil de cette réunion de crise.

 

“Eriic ? Eriiiic ? Mais enfin qu’est ce que tu fais à parler tout seul au milieu de ta chambre ?”

 “Rien, rien, maman. Je répètais juste mon intervention de tout à l’heure pour l’émission de Ruquier.”

 “Bon ben dépêche-toi. Y’a mon gigot qui va refroidir.”

 “J’arrive maman, j’arrive.”

 

« Il y a une malédiction féminine qui est l’envers d’une bénédiction. Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n’inventent pas, elles conservent. Elles ne forcent pas, elles préservent. Elles ne transgressent pas, elles civilisent. Elles ne règnent pas, elles régentent. En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s’interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. ils se contentent de conserver.”

 

extrait de “Le premier Sexe” d’Eric Zemmour,(page 128), éditions Denoël, 2006

30 novembre 2011

Belle-maman

 

- Vous savez, mon Marcus a toujours été un garçon très timide.

 

- Maman…

(soupir de l’intéressé)


- Quoi ? Je n’ai pas le droit de discuter avec ta petite fiancée ? Il faut bien qu’on fasse un peu connaissance quand même !

(Re-soupir de Marcus)

 

- Donc je disais, mon garçon a toujours été timide. Tenez, déjà à la naissance, il avait avalé sa langue. Les médecins ont dû taper dans son dos tellement fort que le pauvre petit en a eu une marque pendant quinze jours. Après ça, il a toujours eu du mal à ouvrir la bouche pour parler.

En tout cas je suis bien contente qu’il vous ait rencontré. Vous avez l’air d’une gentille fille. Tiffany, c’est ça ?

Un très joli prénom, très doux. C’est pas comme la dernière que tu m’as ramenée. C’était quoi déjà son nom ?

 

-Bérangère.

 

-Ah oui, Bérangère. On se demande parfois où les parents vont chercher des prénoms pareils. Enfin. Vous vous êtes là et c’est tout ce qui compte. (Une pause). Tenez reprenez un peu de ma tarte au citron vous m’en direz des nouvelles. (S’adressant à son fils). Marcus, aide-la un peu, tu veux. Alors qu’est-ce que vous en pensez ?

 

-Mmm. Fit Tiffany

 

-Aaah, je savais bien qu’on allait s’entendre.

 

-Je monte à la cuisine. Dit Marcus en se levant de sa chaise.

 

-C’est ça. Laisse-nous entre femmes.

 

(Il monte les escaliers.)

 

-Nan, vraiment je suis bien contente qu’il soit tombé sur vous. Je suis certaine que vous allez l’aider à sortir de sa coquille. Petit, il pouvait rester enfermé des heures dans son placard sans rien dire. Il s’amusait avec les chats pendant une journée entière et bien souvent, on l’oubliait. Et puis, il avait peur de tout. Alors quand il a fallu le faire partir à l’école, ça a pas été de la tarte, croyez-moi. Avec mon défunt mari, on avait réussi à retarder un peu l’échéance. Mais bon, le médecin de famille y a mis son grain de sel et nous a fait comprendre que si on l’envoyait pas à l’école, il allait prévenir les services sociaux. J' vous jure… (Elle secoue la tête.) S’il s’en était pas mêlé c’est sûr que mon Marcus, il aurait été plus heureux. Mais on n’a pas eu le choix. Je le revois encore s’agripper aux barreaux de son lit au moment de partir le matin. Il poussait des cris… Ca me brisait le cœur. Il faut dire que les enfants ont été très cruels avec lui. Surtout les filles. Toujours à l’embêter, à le poursuivre dans la rue.

 

Après la mort de mon époux, Marcus et moi, on a vécu tous les deux ici dans cette maison. On était bien. On avait besoin de personne. Un jour, vers ses seize ans, il m’a dit « Maman, on peut pas rester comme ça. On n’a plus de sous et on arrive à peine à avoir de quoi manger. Il faut que l’un de nous travaille. » Le cher petit ange… Il avait son idée et au bout d’une semaine il a trouvé un travail à l’abattoir de la ville. Aujourd’hui, il a fait du chemin. Il est devenu chef équarrisseur. C’est qu’il est bosseur mon petit. Sérieux et tout ! Avec lui, pas de congés maladies, pas de pannes de réveil, pas de dépressions chroniques. Il abat du boulot comme personne. Et puis méticuleux avec ça ! Vous verrez, il est formidable au travail !

 

Par contre il est resté timide avec les filles. Il en a peur comme d’une maladie contagieuse. Je dois être la seule femme au monde à l’avoir embrassé sur la joue. Heureusement avec Internet aujourd’hui, les rencontres se font plus facilement pour les personnes comme lui. On discute un peu, on se voit et puis hop ! C’est parti ! C’était pas comme ça de mon temps… Enfin toujours est-il qu’il a pu se sortir un peu de son enfermement. Bon je peux vous l’avouer, vous n’êtes pas la première qu’il me présente. Mais il faut dire qu’il est tellement perfectionniste. Forcément avec la mère extraordinaire qu’il a !

 

(La vieille rit.)

 

- Sans rire, il a beaucoup cherché avant de vous trouver !

 

(Une pause.)

 

-Allez, c’est pas que je m’ennuie mais je vais devoir vous laisser. Y’a mon feuilleton qui commence dans pas longtemps. Et puis il fait vraiment froid dans cette cave, vous ne trouvez pas ? Ne vous inquiétez pas. Je vous l’ai dit, il manie ses outils comme personne. Je l’ai vue faire une fois.

 

Avec Bérangère, là. C’était impressionnant. La tête de la fille est tombée nette en une seule fois. Du travail de pro, vraiment. Pour vous, ce sera différent. Il veut vous garder pour lui. Allons, allons. Arrêtez de remuer comme ça. Vous allez vous faire du mal ! Et puis de toute façon, ça ne sert à rien. Tous les jours, il maîtrise des bêtes qui doivent faire au moins vingt fois votre poids. Alors ce n’est pas en gigotant comme ça sur votre chaise que vous allez arranger quoique ce soit. Et puis, il n’y a pas de quoi paniquer. Je vous l’ai dit, ce sera sans bavure. Vous allez vous endormir et quand vous vous réveillerez, vous aurez l’impression qu’il ne s’est rien passé. J’ai lu dans le journal avant-hier l’histoire de cet ouvrier là qui était tombé de son échafaudage. Vous savez celui à qui on avait dû couper les deux jambes, il y a quelques mois. Et ben, il disait que quand il y avait des courants d’air, il sentait encore le vent lui chatouiller les cuisses. C’est fou, non !

Ensuite, une fois que Marcus en aura fini avec vos jambes, il s’occupera de vos bras. De toute façon, vous n’en n’aurez plus besoin. On sera là pour prendre soin de vous.

 

(Elle se rapproche et dit d’une voix douce)

 

- Vous savez, s’il fait tout ça c’est pour vous garder toujours près de lui. C’est son côté romantique. Et puis il ne faudrait pas que vous alliez vous mettre en danger en sortant de la maison. C’est plein de mauvaises gens là dehors.

 

(Des pas dans l’escalier)

 

- Tenez, le voilà qui descend. Allez, je vous laisse.

A plus tard !

FIN

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